Documents  NAMIAS Olivier | enregistrements trouvés : 4

N°235
"Pour ce dossier consacré au logement, nous nous sommes interrogés, à la suite du travail de la fondation ANMA/F, sur les mécanismes de surcoût du logement. Nous nous sommes ensuite intéressés à la manière dont la ville de Bordeaux envisage avec l'architecte Youssef Tohme autrement le logement social en fabricant la ville différemment et en revenant sur les solutions de "volume capable". Enfin, dans un entretien décapant, l'économiste Vincent Renard démolit une par une toutes les idées reçues sur la question foncière et sa pénurie."

Les spectaculaires implosions de barres et de tours pourraient laisser croire que les logements sociaux construits après-guerre sont voués irrémédiablement à la destruction. Or, il n'en est rien, et pendant les démolitions, la réhabilitation du parc continue. Elle s'accélère même, en raison des exigences environnementales de la société et de la vocation sociale des bailleurs, dont la plus grande crainte est l'augmentation des charges énergétiques qui fragiliserait un peu plus leurs locataires. Les HLM n'ont pas attendu le Grenelle de l'Environnement pour entamer leur mue. Les dispositifs de fianancement ont favorisé la transformation des grands ensembles, qui se sont couverts de couleurs et de dégradés saugrenus, les stigmatisant davantage encore. Le temps d'interventions plus fines semble venu : la maîtrise d'oeuvre s'élargit hors des cercles spécialisés, la maîtrise d'ouvrage s'ouvre à des solutions moins caricaturales. Les projets s'étendent à la reconfiguration des espaces extérieurs ou recherchent une véritable amélioration de l'habitat.

Faut-il encore opposer l'habitat individuel à la ville? Poussé par les exigences du développement durable, le logement individuel s'urbanise, se regroupe, se densifie, revendique des valeurs communautaires. Eh oui, l'individuel devient plus collectif : les vieux clivages tomberaient-ils ? De la maison à l'immeuble, toute une gamme d'associations, de regroupements, de superpositions des logements se développe, interrogeant l'habitation en fonction d'un nouveau paradigme : les rapports de l'individu au groupe, par opposition au cocon familial barricadé d'hier. Dans le contexte normalisé et surréglementé de la production de logements, la recherche typologique trouve à travers cette approche un souffle prometteur. La question est de savoir jusqu'à quel point les nouvelles formes d'habitat sont susceptibles de créer un urbanisme différent et quel est leur potentiel de séduction auprès d'une population dont les pratiques et les aspirations semblent enfin évoluer vers davantage d'urbanité.