Les lieux de la mort, le grand tabou
01/10/2023
pp.65-91
ARCHITECTURE ; Architecture funéraire ; Equipement funéraire ; Cimetière ; Chapelle
N°311
Dossier consacré à l'architecture funéraire.
"La mort pourrait paraître la chose la plus privée qui soit ; il n'en est rien. Pas davantage n'est-elle étrangère à la vie. Autre, pourtant familière, elle est l'horizon sans lequel la vie perd quelque chose de son sens. Souvent solitaire, à défaut d'être partagée, elle ne nous en est pas moins commune. La mort appartient à la vie et, si elle m'arrive à moi, ses rites en sont prescrits par les autres, elle est toujours sociale. Les lieux et les édifices de la mort - cimetières, chapelles, tombes et tombeaux - reflètent la place qu'elle occupe dans une société. Pendant un millénaire, du haut Moyen-Age au XVIIIe siècle, malgré des changements dans les modalités et les rites, la mort a été accueillie. A l'aube de la période contemporaine s'est esquissée une transformation profonde dont la radicale brutalité est apparue lors de la seconde moitié du XXe siècle - nous vivons dans un temps où la mort, tardive, invisible et passée sous silence, nous est devenue selon l'expression de Philippe Ariès "sauvage". D'une prise en charge symbolique religieuse, nous sommes passés à un paradigme médical. Dans ce changement, l'architecture n'a peut-être pas perdu les moyens de l'accompagnement qu'elle a jusqu'alors apportés aux vivants. En revanche, les codes sont diversifiés, particularisés, singularisés. C'est la capacité à faire société dans cette diversité, jusque dans la mort, entre croyances religieuses plurielles et athéisme, qui doit aujourd'hui être interrogée."
Niveau d'autorisation : Public
Langue : Français